A propos

Biographie de l'auteur




Il semble qu'il neigeait ce 14 octobre 1971, quand Jean-Marc a vu le jour à la Chaux-de-Fonds. Il ne s'en souvient plus très bien. Apparemment, on n'était pas encore à l'heure du réchauffement climatique. Mais, en terme de réchauffement, les bras de sa mère, qui le berçait tendrement au rythme rassurant de l'amour maternelle faisaient largement son affaire. Après quelques jours passés au bon soin de la clinique Monbrillant, il rejoint son frère, né vingt mois auparavant et son père agriculteur, au lieu dit Les Bulles, dans une ferme poser au nord-est de la Chaux-de-Fonds. Il vivra son enfance dans ce petit hameau composé encore d'une chapelle mennonite centenaire, d'un chalet pas plus récent et de quelques cabanons de jardin. Cet écrin de verdure accessible par un chemin jalonné d'immenses sycomores, entouré de murs en pierres sèches, d'un petit bois et d'une route campagnarde, sera son terrain de jeu et de découverte. Deux ans plus tard, son visage illuminé d'un large sourire, il tient dans ses bras sa petite sœur.


Ses occupations tournent davantage autour de l'expression artistique et du sport qu'autour des innombrables possibilités d'activités rurales qu'offre une vie à la ferme. Il a vite compris que cet environnement n'a que très peu de point commun avec lui, et qu'il ne deviendra jamais son champ d'activité professionnelle. Il n'aime pas le lait. Il a peur des vaches et craint tout ce qui a trait à la mécanique. Il se souvient de tous ses moments d'insouciance passés à jouer au gré des saisons, en forêt, à la grange ou autour de la ferme avec son frère, sa sœur et autres cousins, cousines qui s'enfuyaient volontiers de la promiscuité citadine. En été, après avoir fait les foins, les quelques jours de vacances familiales en montagne resteront graver en lettre d'or dans sa mémoire. 


Entre ces réjouissances et son lot de non-lieu émotionnel qui entretenaient parfois une forme d'inconfort dans son esprit, les années étaient rythmés par la vie communautaire de l'église mennonite du hameau. Les cultes dominicaux, la journée de l'école du dimanche, la vente missionnaire et sa tombola, la fête de Noël suivi du cadeau après la poésie, ainsi que les soirées du groupe de jeunes, sont autant de souvenirs qui ont façonné en lui une foi qui ne le quittera jamais. 


Les cinq premières années scolaires, qu'il aime à nommer ses années Pagnol, il les passera dans une école de campagne au Valanvron, juste à côté des Bulles. Il en garde un souvenir inoubliable. Les quatre dernières années passées en ville lui auront surtout ouvert les yeux sur un monde qui, à maints égards, peut être hostile. Mais comme l'écrivait Marcel Pagnol : « Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants » [1].  


Puis vint le temps des amours. Au détours d'un chemin de groise serpentant entre les sapins jurassiens, il rencontre son âme sœur dont il tombe éperdument amoureux. Il n'a pas encore quinze ans. Huit ans plus tard, il l'épouse et ensemble ils fondent une famille d'une fille et de deux garçons. 


Après avoir embrasser la profession de dessinateur en bâtiment, il bifurque dans le métier d'éducateur. Les relations sans faux-semblant que l'on peut entretenir avec les personnes au bénéfice d'une de ces particularités capables de bousculer les normes lui ont ouvert une voie qu'il n'a plus jamais quittée. Il a travaillé douze ans avec cette population, pour faire un petit détour exquis dans l'accompagnement d'adolescents et œuvrer aujourd'hui auprès des personnes âgées. C'est quelque part à l'intérieur de ce processus propice au questionnement de fond qu'est né son désir d'écrire. 



[1] PAGNOL Marcel, Le château de ma mère, Paris, Fallois, 2004, p. 214